La Favorite, frégate négrière

Au 18e siècle, la traite négrière est une activité répandue dans beaucoup de pays d’Europe. Très peu de voix s’élèvent pour dénoncer cette barbarie et les captifs sont plus considérés comme du bétail que comme des humains.

La traite négrière est alors perçue comme un moyen de développement économique et d’enrichissement rapide par tous les acteurs du système.

Marché des captifs

Marchand d'esclave
Marchand d’esclaves à Gorée

En 1743, la capture et la vente de captifs est une activité à laquelle se livrent toutes sortes de personnes en Afrique. Des souverains aux bandits en passant par tous les trafiquants occasionnels, on enlève des ennemis ou de simples paysans pour les proposer aux acheteurs blancs et tenter de s’enrichir à bon compte.
La traite négrière fait alors partie d’un système commercial « banal » et les Blancs se donnent bonne conscience en partant du principe qu’ils ne font qu’acheter et vendre des esclaves sans être partie prenante dans leur mise en captivité. Du reste, la morale s’accommode d’autant plus facilement de l’idée bien arrangeante que le sort des Noirs est le résultat d’une volonté divine, que l’Église catholique cautionne cette interprétation.
En 1743, les Français s’approvisionnent pour leurs besoins des colonies d’Amérique souvent par le mécanisme du commerce triangulaire, avec des vaisseaux partant pour la côte d’Afrique occidentale (principalement de l’embouchure du fleuve Sénégal jusqu’à l’actuel Bénin), à partir des ports français de Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Lorient et autres, chargés de marchandises susceptibles d’être troquées contre des Noirs.

Graphique ports négriers
Rôle des ports français dans la traite négrière au 18e siècle

Pays négriers et secteurs de traite négrière

Sénégambie &
Atlantique
off-shore
Sierra LeoneCôte
d’Ivoire
Côte
d’Or
Golfe du
Bénin
Golfe du
Biafra
Afrique centrale
de l’Ouest
et Ste Hélène
Afrique du Sud-Est
et îles de
l’Océan Indien
Total par pays négrier
Espagne & Uruguay122 08885 43210 5586 705132 018188 288432 78983 6461 061 524
Portugal & Brésil221 61216 9079 24868 3941 009 212156 1674 018 540348 1855 848 265
Grande Bretagne226 637163 393200 905718 127353 8531 030 582534 28031 6633 259 440
Pays Bas9 2052 27679 102103 375126 91328 677204 788554 336
U.S.A.43 79156 49413 375126 2594 4027 03729 46424 504305 326
France124 24761 04823 681115 574348 897182 284472 28853 3831 381 404
Danemark & Baltique7 9333 22170 88723 7651 5252 4251 286111 040
Total par secteur755 513388 771336 8691 209 3211 999 0601 594 5605 694 574542 66712 521 335
Source : slavevoyages.org

Transport et déportation pour la traite négrière

Plan Marie-Séraphique
Plan de La Marie-Séraphique, navire négrier – Musée d’Histoire de Nantes

Les captifs achetés par les capitaines négriers étaient amenés à bord des navires au moyen de chaloupes puis descendus dans l’entrepont où ils étaient entassés dans des conditions souvent terribles qui pouvaient encore être aggravées par l’état de la mer. La mortalité pouvait dépasser 10 à 15 %. Finalement l’arrivée à destination devait souvent apparaître comme une sorte de délivrance même si elle débouchait sur une vie d’esclavage.
En 1743, les navires négriers pouvaient être de toutes tailles. Mais, on peut considérer que La Favorite et sa campagne de 1743-1744 constitue une illustration assez typique d’une expédition négrière à cette époque (voir les caractéristiques de La Favorite).

Pays négriers et destinations des captifs

EuropeAmérique
du Nord
Caraïbes
britanniques
Caraïbes
françaises
Amériques
néerlandaises
Antilles
danoises
Amériques
espagnoles
BrésilAfriqueTotal par pays négrier
Espagne & Uruguay2 1116 603783307975 3001 25375 1671 061 524
Portugal & Brésil3 1784419 1682 914556273 6335 479 58378 7925 848 265
Grande Bretagne4 221321 7172 633 008107 80436 01928 466122 3794 6521 1743 259 440
Pays Bas2 3771 4788 10915 721453 1526 26129 35933 5654 314554 336
U.S.A.143135 41077 7017 61411 9883 36464 4081 7332 965305 326
France8799 95327 0141 189 8606 2879 079110 83611 18316 3131 381 404
Danemark & Baltique1 2721 8083 7266 18982 39015 329150176111 040
Total par destination10 798472 3822 763 4111 328 422514 191129 8671 591 2445 532 119178 90112 521 335
Source : slavevoyages.org

Esclaves et plantations

En 1743, à Saint-Domingue, on trouve une population composée de blancs libres, de blancs engagés (qui doivent accepter des conditions de vie d’esclave pendant trois ans en échange du prix de leur voyage), de métis libres ou esclaves (avec une hiérarchie extrêmement précise en fonction du degré de métissage, de noirs parfois affranchis (ou même marrons, c’est-à-dire fugitifs), mais dans leur très grande majorité, esclaves.

A la fin du 18e siècle, la répartition la population de Saint-Domingue (source Moreau de St-Méry) était la suivante :

  • 40.000 blancs (libres et engagés) ;
  • 28.000 affranchis ou descendants d’affranchis ;
  • 452.000 esclaves.

Code Noir

Code Noir
Le Code Noir

Un édit royal de mars 1685 « touchant la discipline des esclaves nègres des Isles de l’Amérique française » constitue la base de ce qui deviendra le Code Noir. Cet édit correspond à la volonté de Louis XIV d’asseoir son autorité sur les colonies d’Amérique, notamment en y donnant un cadre à cette pratique de l’esclavage qui se développait rapidement. En réglementant l’esclavage que les colons considéraient comme une condition impérative à leur développement colonial, Louis XIV, se préoccupait sans doute moins du sort des captifs noirs apportés d’Afrique, que d’étendre le pouvoir royal de la France à ces nouveaux territoires qu’on appelait alors les Colonies Française de l’Amérique.


Pour aller plus loin


Pour aller encore plus loin :

Esclaves en Amérique Récits autobiographiques d’anciens esclaves 1760-1865
North American Slave Narratives
Les esclaves et leurs maîtres à Bourbon, au temps de la Compagnie des Indes
Esclavage, système esclavagiste et traite négrièreSite pédagogique Eurescl sur la traite et l’esclavage
Le St Louis, un navire négrier

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