La révolte des esclaves à bord de l’Affricain (1738)

Si les journaux de bord témoignent fréquemment de révoltes noires sur les navires négriers, ces récits, souvent laconiques et de peu d’intérêt, ne permettent pas de comprendre ces phénomènes d’une violence extrême. Le journal de bord de L’Affricain revêt ici un intérêt tout particulier car, en quelques folios, son auteur retrace ce qu’il qualifie d’« accident fâcheux », une révolte qui éclata le matin du 27 novembre 1738, 6 jours après que le négrier eut commencé à remplir sa cargaison de bois d’ébène et eut quitté la côte de l’île des Bananes. L’auteur de ce document, Dam (ou Adam) Joulin, est un pilotin. L’armateur du négrier l’a nommé « écrivain », mais son rôle est aussi de participer « efficacement à la traite et à la vente des marchandises ». De par ses responsabilités à bord, Dam Joulin aura droit, outre son salaire, à un esclave dit de « port permis ».

Le journal de bord révèle que l’instruction de l’auteur ne semble pas très poussée : malgré une bonne écriture, la qualité de son expression écrite est médiocre et son orthographe reste approximative (il écrit très souvent phonétiquement). Il s’agit d’un homme de mer qui semble compétent dans son domaine ; il sait parfaitement indiquer la route suivie, relever, puis indiquer la position du navire et noter les conditions de navigation. S’il ne nous donne que très peu d’indications sur la vie à bord, il nous livre cependant une relation complète de la révolte à bord du navire, probablement la première qu’il ait subie, et dont il fut à la fois le témoin et l’acteur.

L’Affricain a un port de 140 tonneaux ; il est armé de 10 canons. Ce navire négrier de taille moyenne, dont on ignore l’âge, va faire un trajet typique du commerce triangulaire pour le compte de la Société de Guinée : il devra acheter des captifs et de la maniguette, voire du morfil (ivoire brut) et au retour, il chargera du sucre brut blanc, du coton, du café et quelques autres produits autorisés. Le navire compte 41 hommes. Il quitte Paimbœuf le 23 septembre 1738, touche les îles Bananes (Banana Islands, au sud de Freetown, Sierra Leone) le 15 novembre ; il reste dans le golfe de Guinée jusqu’au 26 juin 1739, date de son départ de l’île du Prince (Principe) pour les Antilles ; il arrive au cap Français (Saint-Domingue) le 11 septembre 1739 ; il appareille le 16 avril 1740 pour la France, où il arrive à Paimboeuf le 18 juin, après un périple de près de 21 mois. La déclaration de retour est faite par le capitaine Pierre Devomulon.

Le parcours a été élaboré par l’armateur Charles Trochon, qui a donné ses instructions au commandant Nicolas Fouré et à son second Adrien Denbrouque ; le capitaine du navire a pour mission de conduire le navire et son second doit opérer les transactions commerciales sur la côte de Guinée. Nicolas Fouré devra en outre porter toute son attention « à la conservation des Noirs embarqués à bord du navire, tant pour la nourriture que pour empêcher leur révolte« , et l’armateur de préciser que « cela est enfantin et vous êtes assez instruit qu’il arrive trop souvent que les noirs se révoltent, faute d’y veiller » !

La mise en garde de l’armateur restera vaine. Il semble, en effet, que l’équipage ne soit pas habitué au trafic de bois d’ébène. Ainsi le 15 novembre (soit 12 jours avant la révolte à bord de l’Affricain), notre négrier rencontre un navire anglais sur les côtes de la Sierra Leone, dont le commandant, lors de deux entretiens, les 15 et 21 novembre, avec deux officiers de l’Affricain (Denbrouque et Devomulon), rapporte qu’il a recueilli quelques rescapés d’un navire français armé à Bordeaux, qui a été incendié et a sombré après avoir connu une révolte d’esclave à son bord, à 2 lieues de la côte. L’information transmise n’aura aucun effet, l’équipage de l’Affricain semblant ne pas redouter une pareille mésaventure.

L’intérêt du récit de Dam Joulin est de nous présenter le déroulement précis des événements. Après avoir détaillé la route suivie par l’Affricain, il nous livre toutes les étapes de la révolte. Le texte est évidemment partial ; il déforme peut-être aussi certaines actions. Mais il nous permet de connaître les manifestations de la violence, la violence vécue, les violences subies. Et surtout ce document fait transparaître la réalité et la relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier.

Le déroulement de la révolte

La traite de l’Affricain a commencé le 15 novembre. Aux îles Bananes, les négriers achètent à des Anglais, intermédiaires du chef indigène local, « 21 nègres tous hommes et deux femmes« , en échange de fusils, de barils de poudre, d’ustensiles en étain, de toiles de Cholet, etc. Le navire poursuit sa route à la recherche d’autres esclaves. La vie à bord est monotone ; chaque homme vaque à ses tâches quotidiennes : les uns veillent à l’entretien du navire, d’autres se rendent à terre pour rechercher des esclaves ou pour acheter des vivres. Cette monotonie est amplifiée par le cabotage le long du golfe de Guinée, qui semble plonger les négriers dans une certaine insouciance, d’autant plus qu’en cette période de paix, les concurrents, voire les corsaires, ne sont point à craindre. À bord, les hommes d’équipage et les captifs s’installent dans la routine, les premiers tentant de s’accoutumer au climat tropical, les seconds à leur nouvelle situation. À bord, deux mondes cohabitent : les Blancs dans les gaillards arrière et avant et sur le pont, tandis que les Noirs vivent en dessous, dans l’entrepont, séparés de leurs geôliers par des panneaux installés pour former des cloisons entre le pont et l’entrepont. Cependant, il semble qu’en quelques jours, les esclaves aient mémorisé l’emploi du temps de l’équipage et aient pu échafauder une stratégie pour leur libération.

Les premiers signes d’une préparation de révolte se manifestent le jeudi 27 novembre 1738, alors que le navire longe la côte. Mais aucun membre d’équipage ne semble prendre conscience des événements qui se trament. C’est a posteriori que Dam Joulin nous rapportera les conciliabules et l’agitation inhabituelle des Noirs, qui a précédé l’explosion de violence. La nuit tombée, ceux-ci avaient fait grand bruit, probablement pour cacher les coups donnés pour se déferrer, bruit qu’avec beaucoup de peine les marins étaient parvenus à faire cesser.

À cinq heures du matin, alors que la plupart des marins dorment à poings fermés, deux captifs qui semblent enferrés, montent sur le pont. Ils se dirigent vers l’homme de veille pour lui demander la permission d’allumer leurs pipes. La sentinelle, la main armée d’un simple couteau de chasse, semble ne pas savoir que faire et cette hésitation profite aux deux Noirs qui se jettent sur le matelot, s’emparent de son coutelas et le blessent mortellement avec son arme.
Dès l’élimination de la sentinelle, un groupe de Noirs bondit sur le pont et va se répartir sur l’ensemble du navire. Face à un équipage désarmé, les révoltés n’ont pour toute arme que le couteau, de gros bâtons et un pistolet sans munitions pris sans doute dans la confusion générale. Le contremaître, surpris dans son sommeil, est assommé dans son hamac, puis c’est le tour du lieutenant en second et du commandant de l’Affricain. Les autres hommes d’équipage, qui ont été réveillés par les bruits de la révolte, commencent à se défendre avec tout ce qui leur tombe sous la main. Ainsi le pilotin Devomulon, qui était dans son hamac, évite un coup et parvient à étrangler son agresseur avec une corde.
C’est en fait un concours de circonstances qui évitera le pire aux négriers. Un matelot, qui avait été blessé à l’île de Santiago (Cap-Vert), réussit à se barricader dans la chambre, située dans le gaillard arrière, où étaient entreposées les armes ; il est rejoint par Dam Joulin et un de ses compagnons. Ces trois hommes prennent 4 pistolets mais auront du mal à trouver les munitions, 6 cartouches qui étaient dissimulées dans « un filet d’ognion« . Armés, ils font une sortie et rejoignent d’autres officiers et matelots qui ont pu se procurer d’autres armes. Les négriers se rendent maîtres des deux gaillards et empêchent les autres Noirs de sortir de l’entrepont.
Les coups de feux croisés stopperont la première vague d’assaut, tandis que le pilotin Devomulon se servira du chaudron où l’on faisait cuire du gruau en jetant des louches de son contenu sur ses agresseurs. Les Noirs, « ce voyante ainsy echaudé a basbord et canardé à cous de pistoles a tribord« , n’ont d’autres solutions que de regagner l’entrepont ou de se jeter à l’eau. Mais, parmi ces derniers, trois hommes vont tenter de monter sur le gouvernail pour entrer dans la grande pièce du gaillard arrière et prendre à revers leurs adversaires. Un des Noirs sera tué d’un coup de fusil sur la préceinte ; deux autres, les meneurs de la révolte, selon Dam Joulin, entrés sous le gaillard arrière, se défendront jusqu’au bout ; le premier sera tué d’un coup de broche, le deuxième, blessé et enfermé dans une pièce, se rendra.
Le bilan est lourd ; sur les 23 captifs, on dénombre 9 morts : 3 ont été tués à coups de pistolet, 2 à coups de barre, 1 a été étranglé, 1 a été embroché et 2 se sont noyés ; à quoi il faut ajouter deux autres captifs décédés quelques jours plus tard des suites de la révolte. C’est donc près de la moitié de la cargaison d’esclaves qui a disparu. Quant au meneur, surnommé « le nègre anglais » par Dam Joulin, il perdra la vie des suites de châtiments corporels et de ses blessures. Dans les rangs des négriers, on comptera 2 morts et de nombreux blessés, dont 2 garderont de graves séquelles. Les responsabilités seront rejetées sur la sentinelle qui est morte de ses blessures.

Des manifestations de la violence à la réalité et relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier

La révolte a été brève mais extrêmement violente ; les hommes se sont battus, en champ clos, au corps à corps, ce que traduisent les coups portés, les crânes fracassés, les ventres transpercés et ce qui explique l’usage des pistolets plutôt que celui des fusils. Si notre écrivain insiste sur la manière dont certains captifs se sont acharnés sur leurs victimes par des coups répétés, les négriers n’ont pas été en reste : ils ont tiré, quand ils le pouvaient, sur tous ceux qui tentaient de s’approcher d’eux. Mais les Noirs étaient en infériorité numérique et dès que la résistance des Blancs a pu s’organiser, les esclaves se sont montrés désemparés et ont adopté des attitudes différentes : certains ont continué la lutte, d’autres se sont jetés à l’eau, d’autres ont tout simplement regagné leur prison.

Dam Joulin rédige son journal deux jours après avoir subi ce qu’il qualifie d’ »accident fâcheux« , alors qu’il a été blessé à la tête et au genou et qu’il a failli y laisser sa vie. Malgré le manque de recul et bien qu’il soit encore sous le coup de l’émotion, il nous montre que cette révolte est incompréhensible du côté négrier. N’écrit-il pas que les captifs ont eu « l’effronterie et la hardiesse » de sauter sur le gaillard arrière. Ces révoltés sont qualifiés d’épithètes qui ne laissent aucun doute sur le jugement porté sur leur action. Trois fois notre pilotin les qualifie de « misérables« , trois fois il les décrit comme des « furieux » lorsqu’ils sortent de l’entrepont et se jettent sur leurs geôliers. Les deux Noirs les plus hardis sont qualifiés de « vifs et cruels« , d’ »animaux » ; un peu plus loin dans le texte, Dam Joulin va même jusqu’à parler de « loups » que les Blancs doivent réduire et il rajoute que les Noirs ont « fait un grand carnage« , qu’ils ont « massacré inexorablement le contremaître » (qui, il faut le souligner, parviendra à survivre à ses blessures).

Un autre aspect apparaît au travers de la description de la violence à bord de l’Affricain, dans le journal de bord. Pour les négriers, seuls les Noirs sont responsables de ce « grand carnage » ; les marins ne semblent pas comprendre cette violence, cette furie. Pour eux, la violence constitue une infraction aux normes négrières, normes qui définissent le trafic d’esclaves comme naturel, normal voire légal. Tout se passe comme si la violence des Noirs n’était pas concevable et, de ce fait, cela va justifier la répression. Quant aux esclaves, si nous ne pouvons appréhender la révolte de leur point de vue, il apparaît cependant que la violence utilisée s’explique et se justifie par le fait que ces hommes n’ont rien à perdre et qu’ils rendent les négriers responsables de leur sort. Leur acharnement traduit ici à la fois leur désespoir, leur souffrance et leur détermination.

À la violence des uns répond la violence des autres. Comment punir les responsables ? Dans un premier temps, le lendemain, les meneurs qui ont été identifiés sont attachés sur le pont, face contre terre, par les quatre membres. Ils sont fouettés jusqu’au sang mais les négriers leur font en plus des scarifications sur les fesses. En outre, pour empêcher l’infection et, en même temps, pour rendre la douleur plus vive – « pour que cela leur cuise » comme le précise Dam Joulin –, les marins leur enduisent les plaies d’un mélange composé de poudre à fusil, de jus de citron, de saumures, de piment mélangé à une drogue fournie par le chirurgien du bord. Quant au principal instigateur de la révolte, que les marins appellent le « nègre anglais« , il est attaché avec des fers au gaillard avant, les négriers voulant le faire mourir à petit feu. C’est un exemple fort, destiné à prévenir d’autres soulèvements éventuels. Et pour que cela soit bien compris par tous ceux qui ont participé à la révolte, les négriers obligent les captifs qui se sont rendus à châtier leur chef en lui infligeant des coups de fouet et des scarifications, trois jours de suite. Le supplicié mourra le même jour que le commandant de l’Affricain, le vendredi 5 décembre. C’est uniquement à ce moment du récit que l’écrivain du navire nous précise que le « nègre anglais » avait reçu un coup de broche dans la poitrine et un autre coup dans l’estomac. Comme il est étonnant que Dam Joulin ne nous l’ait pas précisé lorsqu’il rédigea les péripéties de la révolte, on peut alors se demander si ce n’est pas justement parce que les blessures ne pouvaient être soignées que les hommes d’équipage décidèrent de faire un exemple aussi sévère.

Nous savons qu’il a toujours été difficile, voire malaisé, de traiter du problème de la violence, en l’absence de textes nombreux et fort détaillés sur les révoltes d’esclaves. Il faut donc essayer de lire entre les lignes ou relever des faits marquants susceptibles d’éclairer cette question. Dans le journal de bord de l’Affricain, il faut d’emblée remarquer que le terme Noir, dans le sens d’homme noir, n’est employé qu’une fois pour parler d’ »un village habité par 18 000 noirs« . Comme toujours à l’époque c’est le mot « nègre » qui est employé le plus souvent (131 occurrences), terme qui désigne aussi bien un esclave qu’un roi. Quant au mot « captif » (62 occurrences), il sert toujours à désigner le bois d’ébène. On ne trouve qu’une seule mention du mot esclave : il s’agit alors d’hommes noirs réduits en esclavage par d’autres Noirs. Il apparaît donc clairement que les négriers n’ont pas conscience qu’ils font des esclaves ; dans leurs esprits, ils ne font que le commerce de captifs que leur livrent les chefs indigènes ou d’autres négriers. Cette perception est-elle partagée par d’autres négriers ?

À titre de comparaison, dans le journal de bord de la Diligente (1749-1750), écrit par Charles Le Breton La Vallée, dont le navire a aussi subi une révolte d’esclaves, on ne trouve pas, là non plus, le mot esclave. Le terme « Noir » est utilisé une seule fois pour faire référence à la cargaison du navire. On note encore 30 occurrences pour le mot « nègre » (dont les acceptions sont identiques à celles du journal de Dam Joulin) et surtout 51 emplois du mot « captif ». À cette époque, on peut, peut-être, dire que les négriers ne sont que des rouliers des mers qui transportent des captifs achetés en Afrique pour les revendre en Amérique.

Il faut pourtant souligner que si la traite négrière se traduit tout naturellement par la violence, les journaux de bord de l’Affricain et de la Diligente ne traduisent cependant ici aucun véritable mépris affiché pour les captifs. Comment alors appréhender la vision européenne de la traite ? L’étude du vocabulaire employé par Dam Joulin nous montre que les négriers recherchent des captifs. Aux yeux des membres de l’équipage, la violence est donc l’instrument légitime et justifié pour ramener à la raison les captifs qui tentent de s’évader. Ils ne peuvent admettre aucune résistance à leur pouvoir. Il n’y a chez eux ni sadisme, ni haine, ni racisme ; il n’y a que la volonté de protéger leur vie et leur cargaison. Dans ce contexte, il est donc indubitable qu’un prisonnier ne peut, pour eux, contester sa condition et que l’emploi de la force contre celui qui ne reconnaît pas cette situation est « naturellement » légitime. Le châtiment doit servir d’exemple, tout en évitant de trop « endommager » la cargaison de bois d’ébène.

Ajoutons que, après ces événements, la violence subie par les négriers va modifier leur comportement. Au début de la traite, les négriers, qui doivent acheter les esclaves soit aux chefs noirs soit à d’autres négriers, ne portent aucun jugement sur la civilisation noire. La révolte et la prise de conscience des difficultés de la traite vont amener les négriers à avoir un autre regard sur les Noirs qui leur vendent le bois d’ébène. Ils vont qualifier certains de leurs pourvoyeurs de voleurs, de rançonneurs, de « race indigne », de menteurs ou de fripons, puis très vite, les négriers feront l’amalgame : tous les Noirs seront considérés comme des menteurs et des voleurs, qui promettent beaucoup et ne tiennent jamais parole. Et même les agents noirs des négriers seront victimes de ce type de jugement. La subjectivité de cette généralisation du comportement des Noirs (tous les mêmes, captifs comme traiteurs) est flagrante alors que la raison objective est tout autre : les Noirs veulent simplement vendre les captifs trop cher, comme le reconnaît naïvement Dam Joulin.

On constate que l’appréhension de la violence, violence qui peut se définir ici comme le déchaînement d’une force brutale, dépend largement de critères existant d’un groupe à un autre pour caractériser ce qui est normal ou anormal. La violence des uns et des autres implique l’idée d’une violation de normes ou de règles qui définissent les situations considérées comme naturelles, normales ou légales. La violence à bord du navire négrier traduit donc un dérèglement momentané de l’ordre des choses. Si la violence qui s’est exprimée lors de la révolte est pour les Noirs la conséquence de leur oppression, elle est légitime pour faire cesser leur mise en esclavage et leur déportation Mais la violence est pour les négriers tout aussi légitime puisque cette révolte est une atteinte à l’ »ordre négrier » : les Blancs ont acheté de façon régulière et légale des captifs pour les transporter aux Antilles. On le voit, la violence qui s’est manifestée à bord de l’Affricain, s’exprime de façon particulièrement brutale, dans ce lieu isolé qu’est un navire en mer. La violence traduit ici le fossé qui séparent deux groupes d’hommes, fossé qui ne pourra être rapidement refermé car, dans l’univers mental des uns et des autres, deux logiques, deux conceptions antagonistes s’opposent et s’affrontent dans cette prison flottante, qui exacerbe naturellement les tensions.

D’après Bernard Grunberg, « La révolte des esclaves à bord de l’Affricain (1738) – Réalité et relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier« , extrait.

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