1er Voyage du Sénégal à Gorée
A peine arrivé à l’embouchure du Sénégal, le capitaine de Sanguinet est happé par des tâches qui n’ont plus de rapport avec la navigation au sens propre. Le déchargement de sa cargaison a permis de ravitailler le comptoir de la Compagnie des Indes et il doit prendre ses ordres auprès des représentants de cette Compagnie. Ce sont eux qui lui donnent le but de sa prochaine étape : Gorée. Il doit y emporter également divers approvisionnements ainsi que quelques passagers.
Le journal de bord vous est présenté ici sous une forme simplifiée et souvent reformulée afin d’en permettre la lecture à ceux qui ne sont pas familiers du langage marin. Certains mots, soulignés en tiretés permettent l’accès à un lexique. Il suffit de placer le pointeur dessus. Chaque jour est accompagné d’un commentaire qu’il suffit de déplier (signe +) ou replier (signe -) selon les besoins. La version intégrale du journal avec les extraits quotidiens du manuscrit est disponible en téléchargement au format pdf.
Mardi 25 Juin 1743
Ayant fait beau aujourd’hui, j’ai fait virer pour visiter mon ancre. En la mettant haute, le jas a resté, ce qui m’en a fait mouiller une autre.
Samedi 6 Juillet 1743
Jusqu’à maintenant il a fait presque tous les jours des grains et du tonnerre.
Il est venu un bateau chargé d’effets pour Gorée, avec un chirurgien, le sieur Coulet pour cette même destination.
Dimanche 7 Juillet 1743
Je suis venu à bord avec un soldat partant pour Gorée et me suis disposé à partir, n’attendant qu’une chaloupe que je dois y mener.
Vendredi 12 Juillet 1743
A 3 heures½ du soir, j’ai appareillé . A minuit j’ai sondé 40 brasses, vase verte assez molle. A 4 heures, 50 à 60 brasses. J’ai eu de parfaits repères à terre. A 8 heures, j’ai reconnu les petites mottes qui sont deux mondrains proches l’un de l’autre et dans le Sud il y en a un autre qui est de grosseur de l’une des premières. J’ai vu que je me rapproche fortement de cette terre. A 9 heures, j’ai mouillé avec un grelin à 68 brasses, fond de vase.
Depuis les petites mottes vers le Nord, il y a des hautes terres qu’on ne voit que de 9 milles. Les courants portent au Sud-Sud-Est.
Samedi 13 Juillet 1743
A 4heures½ j’ai appareillé. Les courants que j’ai observé ont porté dans le Sud-Ouest. A 1 heure après minuit, j’ai sondé 90 brasses, fond de gros sable, graviers et pierres.
Dimanche 14 Juillet 1743
J’ai suivi plusieurs route et suivant mon point de midi, je serais Est et Ouest du Cap-Vert, à une distance de 5 lieues ½ et comme je ne vois pas la terre, les courants m’ont porté à l’Ouest-Sud-Ouest. A cette route j’en passerais à 10 lieues.
Lundi 15 Juillet 1743
De midi à 3 heures, j’ai gouverné pour reconnaitre les Mamelles. Je les ai vues à l’Est à 7 lieues.
J’ai gouverné en rasant la terre et doublé le Cap Manuel. J’ai fait les signaux et suis allé mouiller par les 14 brasses, fond de sable fin, vaseux.
Au matin, j’y ai trouvé un brigantin français, capitaine sieur Boucard, d’environ 80 tonneaux, nommé l’Aimable René, de Nantes, allant à la Côte d’Or. Comme il était mal mouillé, il a appareillé et a salué la flamme de cinq coups de canon que j’ai fait rendre. Au lever du soleil, j’ai salué le fort de 7 coups de canon. A 6 heures, je suis allé à terre voir les messieurs du Conseil.
Mardi 16 Juillet 1743
Les vents ont fait le tour du compas pendant le jour. A 3 heures, j’ai affourché Sud-Sud-Est et Nord-Nord-Ouest avec un grelin.
Samedi 20 Juillet 1743
A 10 heures du matin le petit brigantin de Nantes est parti pour la côte de Juda.
On travaille tous les jours au déchargement du vaisseau et à me faire du lest en échange.
Vendredi 9 Août 1743
Le vaisseau que je vis hier au soir étant aujourd’hui à 1 lieue a mis son pavillon en berne. j’ai envoyé sur le champ ma chaloupe. C’est la frégate la Fière venant fort incommodée de Gambie, capitaine monsieur Béhourd.
Lundi 12 Août 1743
A 3 heures un grain, ½ heure après, la Fière est partie pour se rendre au Sénégal.
Samedi 24 Août 1743
Depuis que je suis ici, les vents ont régné différemment suivant les grains et fait le du tour du compas par un temps affreux.
A 11 heures j’ai remarqué qu’il y avait pavillon en berne au fort. Je suis descendu à terre. J’ai appris avec plaisir que c’était le Conseil du Sénégal qui me rappelait.
Cette carte montre la côte telle qu’elle était connue à l’époque (en noir) comparée à la réalité (en couleur).
La reconstitution du trajet de La Favorite montre comment le capitaine, se basant sur ses cartes forcément imprécises, croit possible le passage du Cap-Vert le 14 juillet avant de se rendre compte qu’il en était trop approché. Il repart alors vers le Nord avant de s’écarter vers l’Ouest.